Accès à l’hormonothérapie au Québec

Les voies d’accès à l’hormonothérapie ne sont pas encore uniformisées au Québec. Dans certaines régions, un corridor de service est défini, tandis que dans d’autres, il existe plusieurs façons d’y avoir accès. 

Certains médecins demanderont à ce qu’une lettre de référence d’un.e professionnel.le de la santé mentale soit obtenue avant de rédiger une prescription pour les hormones dont la personne trans ou non-binaire a besoin. Pour d’autres médecins, le consentement éclairé sera suffisant pour débuter l’hormonothérapie.

L’approche du consentement éclairé est un parcours simplifié d’accès à l’hormonothérapie qui respecte l’autonomie et l’autodétermination des patients. Elle débute par une rencontre avec un.e médecin ou un.e infirmièr.e praticien.ne, qui a pour but de s’assurer que la personne qui veut commencer l’hormonothérapie a des attentes réalistes par rapport à celle-ci et comprend bien les effets attendus et les risques de cette démarche, autant au plan médical que psychosocial. Il ne s’agit donc pas de vérifier si la personne est réellement trans ou non-binaire, ou de mesurer si elle éprouve assez de dysphorie, mais plutôt d’évaluer si elle est en mesure de faire un choix éclairé par rapport à ses options de transition hormonale. Par la suite, certain.e.s professionnel.le.s de la santé présenteront un formulaire de consentement à signer, où lea patient.e attestera comprendre les effets et les risques de l’hormonothérapie afin de donner un consentement éclairé aux soins offerts.

Les médecins de famille et les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) sont dans une position idéale pour prescrire l’hormonothérapie aux personnes trans et non-binaires. En effet, en raison de leur lien étroit avec les patient.e.s, iels sont au courant de leurs antécédents médicaux, peuvent bien évaluer leur capacité à fournir un consentement éclairé et sont en mesure d’offrir un suivi répondant aux besoins de la personne qui commence une prise d’hormones. 

Toutefois, par manque de formation, on constate actuellement que plusieurs médecins et IPS ne sont pas à l’aise de prescrire l’hormonothérapie à leurs patient.e.s trans et non-binaires et vont plutôt les référer à un collègue en médecine familiale ayant une formation spécialisée ou à un.e endocrinologue. Le présent guide et plusieurs ressources canadiennes existent pour outiller les praticien.ne.s qui veulent apprendre à accompagner leurs patient.e.s trans et non-binaires dans leur transition médicale. 

Au Canada, il y le très complet Guidelines for Gender-Affirming Primary Care with Trans and Non-Binary Patients, de Sherbourne Health ainsi que le guide Gender-Affirming Care for Trans, Two-Spirit, and Gender Diverse Patients in BC : A Primary Care Toolkit. Du côté des États-Unis, on retrouve les Guidelines for the Primary and Gender-Affirming Care of Transgender and Gender Nonbinary People de l’UCSF qui est une référence très intéressante, d’autant plus qu’elle est mise à jour régulièrement.

Au Québec, il existe notamment une communauté de pratique pour médecins et infirmières.ers, organisée par le Dr Charles-Olivier Basile à la clinique 1851, permettant aux médecins d’avoir accès au mentorat nécessaire pour prendre en charge adéquatement leurs patient.e.s trans et non-binaire. 

Ainsi, des références à des spécialistes ne seraient souhaitables que pour des personnes qui ont des problématiques médicales plus complexes, surtout considérant que le système est actuellement engorgé de personnes trans et non-binaires en très bonne santé mentale et physique qui sont en attente de rendez-vous avec un.e endocrinologue, un.e psychiatre ou un.e psychologue. 

Les médecins généralistes qui réfèrent des patient.e.s trans et non-binaires en endocrinologie devraient donc prendre en compte l’impact des longs délais sur la santé mentale du patient.e. Ils devraient considérer la prescription d’un bloqueur d’androgène et d’une petite dose d’estrogène ou d’une petite dose de testostérone dans l’attente de la consultation, et en assurer le suivi tant que le dossier n’est pas pris en charge par un.e endocrinologue. 

À noter également que les problématiques psychosociales ne sont pas une contre-indication à l’hormonothérapie et peuvent très souvent être abordées et traitées sans retarder le début de la médication. Le médecin peut référer la personne a un.e intervenant.e psychosocial.e tout en débutant les bloqueurs d’androgènes, l’estrogène ou la testostérone. De nombreuses études confirment l’impact positif sur la santé mentale et le bien-être des personnes trans et non binaires qui ont obtenu les traitements hormonaux désirés.

L’endocrinologie est la spécialité médicale qui s’intéresse au métabolisme et aux glandes endocrines, c’est-à-dire celles qui sécrètent des hormones. Les endocrinologues sont donc des médecins spécialistes qui traitent les personnes atteintes de maladies liées à ces systèmes, comme le diabète et les problèmes de la thyroïde.

Puisqu’iels sont spécialistes des hormones, les endocrinologues sont souvent sollicité.e.s afin de prescrire des hormones aux personnes trans et non-binaires. Leur expertise est particulièrement pertinente lorsqu’il est question d’un.e jeune qui n’a pas encore terminé sa puberté ou d’une personne qui a des problèmes de santé, comme le diabète, qui ne sont pas bien contrôlés ou qui demandent un suivi plus attentif.

Dans certaines régions, une référence d’un médecin de famille est suffisante pour obtenir une consultation avec un.e endocrinologue. Dans d’autres endroits, il est nécessaire de fournir une lettre d’un.e psychologue, d’un.e sexologue ou d’un.e psychiatre en plus de la référence d’un.e médecin de famille.

Thérapies hormonales, effets attendus et effets secondaires pour les adultes (16 ans et plus)

Toutes les thérapies hormonales causent des effets permanents, des effets réversibles et des effets partiellement réversibles. Il est particulièrement important d’être à l’aise avec les effets permanents.

Tant que le corps produit par lui-même des hormones sexuelles, c’est-à-dire tant qu’au moins un ovaire ou les testicules sont conservés, il est possible de cesser la prise d’hormones. Il est donc possible de débuter une hormonothérapie dans l’objectif d’acquérir les effets permanents et de la cesser ensuite lorsque ce but est atteint. Au contraire, si les ovaires ou les testicules sont retirés lors d’une intervention chirurgicale, il devient nécessaire de poursuivre la prise d’hormones pour prévenir entre autres les risques d’ostéoporose. 

Certaines personnes trans, en particulier les personnes non-binaires, peuvent préférer une thérapie hormonale de plus faible dose, qu’on appelle parfois microdose. Cela peut permettre de ralentir l’apparition de certains effets, mais il est par contre impossible de choisir quels effets apparaîtront à quel moment. 

Les niveaux de différentes hormones dans le sang, ainsi que d’autres indicateurs de santé, sont habituellement vérifiés par prises de sang avant le début de l’hormonothérapie, et par la suite à des intervalles réguliers. Cela est fait dans le but de vérifier si la dose prescrite est adéquate et que le corps s’adapte bien aux changements. Le but n’est pas nécessairement d’obtenir des niveaux comparables aux hommes ou aux femmes cis. Par exemple, il se peut qu’une personne prenant de la testostérone ait un niveau plus faible que la moyenne des hommes cis, tout en obtenant les changements désirés. Les doses prescrites peuvent également varier beaucoup d’une personne à une autre selon la façon dont le corps métabolise le produit prescrit. 

Thérapies hormonales pour les jeunes (moins de 16 ans)

Prendre des décisions éclairées sur l'hormonothérapie

Développé à partir de l’information sur ce site, Prendre des décisions éclairées sur l’hormonothérapie est un outil qui explique les effets de l’hormonothérapie féminisante ou masculinisante, avec des sections interactives à remplir soi-même qui aident à voir si la prise d’hormones permettrait d’atteindre ses objectifs de transition. Un outil essentiel pour faciliter le consentement éclairé!

Que vous envisagez vous-même commencer l’hormonothérapie ou que vous accompagnez une personne qui envisage le processus, cet outil peut permettre de bien comprendre ses effets et prendre des décisions éclairées.

Guide sur l’hormonothérapie féminisante

Guide sur l’hormonothérapie masculinisante