Transitionner en contexte québécois

Préservation des gamètes et de la fertilité

Les traitements hormonaux, particulièrement chez les personnes qui produisent du sperme, peuvent amener le corps à cesser de produire ou faire maturer des gamètes (spermatozoïdes et ovules). Par ailleurs, certaines chirurgies, telles que la vaginoplastie et l’hystérectomie avec retrait des ovaires, rendent complètement impossible la procréation. 

Si on souhaite conserver la possibilité de concevoir des enfants à partir de ses ovules ou de son sperme, il est donc important de considérer une démarche de préservation des gamètes. Cette possibilité sera d’ailleurs bientôt beaucoup plus accessible, puisque la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) couvrira la préservation de la fertilité des personnes qui font une transition médicale.

Couverture des services

L’Assemblée nationale du Québec a adopté, le 10 mars 2021, le projet de loi 73, une nouvelle loi concernant la procréation assistée qui permet aux personnes trans de recevoir une couverture par la RAMQ de certains traitements de préservation de la fertilité. Les dispositions concernant les personnes trans devraient entrer en vigueur d’ici la fin de l’année 2021. 

La loi prévoit que la RAMQ couvrira désormais, pour toutes les personnes trans, la plupart des frais liés à la préservation des gamètes et de la fertilité, soit les frais liés :

  • à la stimulation ovarienne et le prélèvement d’ovules ou de tissus ovariens ;
  • au prélèvement de sperme ou de tissus testiculaire ;
  • au lavage séminal ;
  • aux services de base de fécondation in vitro et de culture d’embryons (incluant l’assistance à l’éclosion embryonnaire ainsi que la micro-injection de spermatozoïdes) ;
  • à la conservation des embryons et des gamètes pour une période de 5 ans (dans le cas d’une personne âgée de 20 ans et plus au moment du prélèvement) ou jusqu’à l’âge de 25 ans (dans le cas d’une personne âgée de 19 et moins au moment du prélèvement). Il est tout à fait possible de conserver les gamètes pour une durée supérieure à la couverture, à vos frais.

 

Sur indication médicale, la RAMQ pourrait aussi couvrir – une fois seulement – soit une aspiration percutanée de sperme épididymaire ou une extraction de sperme testiculaire (voir 5.3).

Préserver ou non sa fertilité?

Vous êtes un.e jeunes personne trans (binaire ou non-binaire) qui a entamé une transition médicale ou qui souhaite le faire? Vous êtes le(s) parent(s) de l’un.e de ces jeunes?

Cet outil peut vous soutenir dans la prise de décision par rapport à la préservation de la fertilité.

Prélèvement et conservation des ovules

Une personne trans productrice d’ovules peut faire prélever et conserver ses gamètes afin de lui permettre de conserver ses facultés de reproduction après une transition médicale. Cela est fait de préférence avant le début de l’hormonothérapie, mais il est aussi possible de faire ces démarches après le début du traitement. Il faudra alors voir avec lea professionnel.le de la santé traitant.e à quel moment il faudra cesser de prendre de la testostérone avant le prélèvement.

Pour effectuer le prélèvement des ovules, la personne devra consulter une clinique de fertilité afin d’établir un plan de traitement. Cela peut inclure de retarder ou de cesser temporairement la prise d’hormones ou de faire des injections quotidiennes encourageant la libération d’ovules, entre autres. Il est possible qu’un test d’AMH vous soit demandé. Ce test mesure la réserve ovarienne, et donc la fertilité de la personne. Si ce test n’est pas offert, il est recommandé de demander à en passer un. Des ultrasons seront aussi effectués quelques fois par semaine afin d’évaluer la quantité de follicules ainsi que leur taille, et des prises de sang seront effectuées afin de vérifier le taux d’hormones.

Lorsque le taux d’hormones est suffisamment élevé et que les follicules atteignent la taille escomptée, une chirurgie (sous anesthésie minimale) sera effectuée pour prélever les ovules. Une aiguille attachée à une sonde sera utilisée afin de prélever des gamètes directement des ovaires. Cette méthode de prélèvement fait en sorte qu’il est possible de faire ce processus même après avoir eu une hystérectomie si les ovaires ont été laissés en place. 

Par la suite, il y a deux méthodes pour conserver les gamètes. 

 

  1. Chaque ovule prélevé est fécondé avec un spermatozoïde afin de congeler des embryons. Chaque embryon est identifié puis conservé individuellement à basse température dans une cuve d’azote liquide. La durée de vie des embryons conservés de la sorte est d’au moins dix ans.
  2. Les ovules prélevés seront conservés sans être fécondés. Ils seront alors identifiés et conservés par paires dans des cuves d’azote liquide. Cette méthode est plus récente que la précédente, mais il est estimé que la durée de vie des ovules conservés de la sorte est également de dix ans.

Conservation du sperme

Une personne trans productrice de spermatozoïdes peut également conserver ses gamètes, afin de préserver ses facultés reproductives. Le prélèvement des spermatozoïdes est traditionnellement effectué avant de commencer une thérapie hormonale, car l’estradiol et les bloqueurs d’androgènes causent des risques d’infertilité à long terme après seulement quelques mois de traitement. 

Toutefois, dans certains cas, une personne ayant déjà débuté la prise d’hormones pourra toujours produire des gamètes, ou pourra retrouver sa fertilité suivant un arrêt temporaire de la thérapie hormonale. Il est alors essentiel d’en discuter avec le médecin traitant.

Avant de pouvoir procéder au prélèvement ou à la conservation des gamètes, il est possible qu’un test de dépistage d’infections transmissibles sexuellement ou par le sang soit requis. 

Il existe trois façons de prélever les spermatozoïdes pour des fins de conservation. 

  1. La méthode utilisée dans la très grande majorité des cas est le prélèvement du sperme par l’éjaculation. Le liquide récolté fera alors l’objet d’un lavage séminal qui permettra de séparer les gamètes d’autres molécules, permettant notamment d’éliminer les virus comme le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C. 
  2. Dans un cas où les canaux déférents seraient obstrués (c’est-à-dire que les spermatozoïdes ne peuvent se rendre du testicule à la prostate), il est possible d’effectuer une aspiration percutanée de sperme épididymaire. Cette pratique consiste à effectuer, sous anesthésie locale, une ponction ou une petite incision dans l’épididyme (organe reproducteur situé au niveau de la paroi du testicule), afin d’y prélever directement les spermatozoïdes. 
  3. Si jamais le testicule produit des spermatozoïdes, mais que ceux-ci ne quittent jamais le testicule (c’est-à-dire qu’ils ne se rendent ni dans l’éjaculat ni dans l’épididyme), il faudra alors procéder à une extraction testiculaire des spermatozoïdes. Dans ce cas, toujours sous anesthésie locale, les spermatozoïdes seront prélevés directement du testicule grâce à une aiguille très fine. 

Les méthodes 2 et 3 ne sont utilisées qu’en cas d’exception, et c’est le médecin qui détermine si ces méthodes sont nécessaires. 

Une fois le prélèvement effectué, le sperme sera conservé dans un contenant identifié puis déposé dans une grande cuve d’azote liquide afin d’être conservé à très basse température. La durée de vie standard du sperme dans ces conditions est de dix ans. Toutefois, dans certains cas, selon la qualité du sperme, il pourrait réussir à survivre jusqu’à 55 ans. Il est important de consulter son médecin traitant afin de voir la durée de vie estimée de son prélèvement.